Amicales et Folklore

Capou, le père Noël de l’Aubrac

Qui n’aime pas le père Capou ?  Sa barbe est en train de devenir aussi emblématique que les moustaches de l’affineur Maurice Astruc l’ont été pour le Roquefort.  Raymond Capoulade dit Capou est un peu devenu la tronche, la trombine de l’Aubrac.

Les gars de la fédé ne s’y sont pas trompés qui l’embauchent chaque année lui et son âne pour animer le marché de Bercy. Il y a chez cet homme là, un peu du Père Noël qui aurait troqué son caribou contre un âne et donné tous ses cadeaux à l’exception d’une grosse meule de Laguiole !



«Depuis qu’on fait Bercy, Nanon, mon âne, connaît complètement le marché, il sait où s’arrêter pour avoir une douceur ou me faire servir un verre. La foule ne lui fait pas peur, il n’a jamais botté personne.»

Les dames ont un faible pour ces deux-là. Combien sont-elles à rêver de caresser la barbe de Capou, pensant secrètement, qu’une telle profusion est signe de prospérité et de bonheur. Mais des rendez-vous joyeux comme celui de Bercy ne sont pas les seules occasions données à Capou de se faire voir. Avec un petit tabouret de traite accroché aux fesses, il participe également à la transhumance en plein milieu de la place d’Aubrac. Il est passé par ici, il repassera par là…

Capou ( à droite) avec son compère Raymond Costes, à l’époque garçon aux Deux Magots.


Ce jeune rouergat de 63 ans n’est pas simplement une tronche, une trombine aveyronnaise, c’est un vrai paysan de l’Aubrac avec les valeurs qui vont avec. Du concentré de tradition paysanne. Cet originaire de Soulages-Bonneval à 6 km de Laguiole, explique que sans le tourisme il n’aurait jamais pu vivre au pays. Comme la petite ferme familiale de la Crestilie ne permettait pas de subvenir à tous les besoins, Capou, sous les conseils de Paul Cousty de Naucelle, a été l’un des premiers à se lancer voilà trente trois ans dans le camping à la ferme. Depuis, il en a vu passer. Il a 25 emplacements et deux gîtes ruraux, même si cette saison estivale 2006 n’a pas été très bonne.

Mais son truc à lui est d’apporter un plus aux touristes, de les fidéliser tout au long de l’année par l’accueil et par des animations. Du coup, il a monté un musée de la Vie Rurale composé de plus de 4000 objets hétéroclites, cela va du téléphone en bakélite aux tractions avant en passant par les jougs et pressoirs. Près de 6000 personnes par an défilent chez Capou pour voir son musée. Ce qui n’est pas mal du tout pour un particulier. Ses deux fils qui exploitent leurs vaches lui donnent un coup de main pour exposer aux groupes du 3ème âge amenés par les autocaristes toutes les richesses du musée.
Malgré ce succès, Capou qui  a dirigé l’office du Tourisme de Laguiole, a une crainte qui le tenaille : celle que son Aubrac ne perde son âme à être envahi par la multitude. «Il ne faut pas vouloir à tout prix imiter les grands sites et chercher à faire venir un tourisme de masse. Des manifestations comme la transhumance ou la trace du fromage doivent demeurer des exceptions.» Bref, le tourisme de masse ce n’est pas son truc. Pourtant, ce serait tellement drôle de voir Capou et son âne traverser une plage de la côte d’Azur un 15 août !