Nature

En Route vers un Parc Naturel Régional d’Aubrac ?

Et quand va-t-il finalement voir le jour ce Parc Naturel Régional de l’Aubrac dont on nous parle depuis des mois. Entre la race éponyme, les couteaux de laguiole, les burons…il en a les qualités requises.

Mais voilà, l’Aubrac a toujours été morcelé. Sous l’Ancien Régime, il n’y avait que trois évêques. Aujourd’hui, il y a trois Conseils généraux, trois Conseils régionaux, et des dizaines de communes.

Dans cette démarche de mise sur pied d’un parc naturel régional, les communes aveyronnaises réunies en syndicat ont été les précurseurs. André Valadier, président de leur syndicat et fondateur de la Coopérative Jeune Montagne est l’homme moteur de ce dossier. Il marche sur des œufs et veille à ne pas froisser un ego politique des autres partenaires.

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La création de ce parc naturel régional de l’Aubrac serait un bel achèvement dans le droit-fil de ce qu’André Valadier a déjà accompli depuis les années 60 pour permettre au pays de s’en sortir. Un beau couronnement de carrière pour un homme public aveyronnais qui s’est consacré à son pays.

Interview d’André Valadier (entretien donné le 5 juin 2007)

A quand remonte cette idée de parc régional naturel de l’Aubrac ?
Dans un premier temps, il y a eu vers les années 70, la création du syndicat des communes de l’Aubrac Aveyronnais, présidé par Raymond Cayrel, ce fut la première instance de concertation et de coordination territoriale. Les membres du syndicat avaient compris que ce territoire était menacé par l’érosion démographique, économique et culturelle qui mettaient en péril sont cadre de vie. Depuis bientôt un demi-siècle, nous luttons sur l’Aubrac pour la renaissance du fromage de laguiole, de l’aligot de l’Aubrac, de la race Aubrac ou du couteau de laguiole.
Avec les contrats de terroir et bassin d’activité, dans les années 90, il y a eu un regain de vitalité territoriale. Les élus du syndicat ont souhaité que le tourisme soit bien inséré dans les voies du développement local. C’est dans cet esprit que l’engagement des communes et les financements du conseil général, du conseil régional, de l’Etat et de l’Europe, ont permis la création de la Maison de l’Aubrac. Parallèlement à la création du Pays du Haut Rouergue, les 23 communes de l’Aubrac ont décidé de maintenir leur action de d’animation collective et d’y contribuer à hauteur de 10€/habitant.

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Il y a aussi le Cantal et la Lozère, cela ne doit pas être simple d’instruire le dossier avec trois départements et trois régions ?
Pour la Lozère et le Cantal, il a fallu donner des assurances, préciser que la main tendue n’était pas la mainmise. Des élus ont tout de suite compris et soutenu l’intérêt du parc,   à commencer par la Conseillère générale du Canton de Chaudes-Aigues en Cantal.Pour la Lozère, qui est plus grande, il y a eu des changements à la tête du Conseil régional. J’avoue qu’à un moment j’ai craint que tous nos efforts ne soient anéantis par des poussées subites d’hypertension politico politiciennes.  Grâce à la bonne volonté de tous, ce danger me paraît écarté à ce jour.

Un Parc Naturel Régional d’Aubrac est-il compatible avec des projets de développement de parcs éoliens que l’on voit poindre par exemple dans le canton de Mur-de-Barrez ?
L’une des premières décisions du syndicat des communes de l’Aubrac a été de prendre position pour dire que le développement touristique et l’éolien étaient incompatibles. À mes yeux, un parc naturel identifie et caractérise un paysage remarquable, comme prévu dans les textes d’agrément. Dès l’instant où ce paysage se modifie ou se banalise, il y a dérive par rapport aux définitions légales.

Aujourd’hui, où en sommes nous ?
En mai 2006, la quasi-totalité des élus des soixante communes du “1er cercle“ ainsi que les trois Conseils généraux, les trois Conseils régionaux et l’Etat se sont réunis et ont donné leur accord de principe pour une étude de faisabilité.
On en est à l’action du comité de pilotage de l’étude qui doit ausculter le territoire, l’explorer afin de faire émerger ses traits spécifiques sur  la nature, la culture, le commerce, l’artisanat, l’agriculture, l’environnement, la vie associative ou le cadre de vie. Des groupes de travail et des “personnes ressources“ issues de la société civile ont été sollicités pour concrétiser cette étape en prise directe avec le terrain.  Dans une troisième phase, les Conseils régionaux et l’Etat prendront appui sur l’étude et se positionneront de façon décisive.

Un parc pour quel tourisme ?
Un tourisme de famille et de loisirs en recherche de culture, de valeurs patrimoniales et de bienfaits naturels. Les agriculteurs ont admis que l’apport du tourisme était de plus en plus déterminant pour la sauvegarde du cadre de vie et la vitalité économique. Par exemple, la fête de la Transhumance doublée du Salon du Terroir génère des questions sur l’alimentation des bovins. Sur l’Aubrac, durant toute la durée de l’Estive, c’est la nature qui prend en charge la survie des troupeaux. Tout cela agit sur la fidélité des touristes qui deviennent consommateurs militants.

Est-ce que le parc naturel peut permettre d’atténuer les conséquences de la fin de la PAC prévue en 2013 ?
Une politique agricole commune à 27 ne sera plus la même qu’à 12. La Pac 2013 ne pourra sauvegarder tous les avantages acquis. Il est admis que l’agriculture, à elle seule, ne peut plus assurer le développement du monde rural. Les piliers de l’Aubrac, tels que la race Aubrac ou le couteau de Laguiole, ont été relancés dans un esprit de résistance. Aujourd’hui, ces produits identitaires au même titre que le Fromage de Laguiole et l’Aligot de l’Aubrac fortement reliés par le tourisme, permettent de répondre à une demande animée par les désirs de ceux qui veulent bien vivre. C’est sur cette voie que l’Aubrac veut se positionner pour assurer durablement son destin.