L’Aveyron a fait venir des vaches des Highlands pour entretenir une de ses tourbières. En 2004, un couple a été installé sur la tourbière des Rauzes. Cette plaine humide de 16 ha à 800 mètres d’altitude qui abrite une centaine d’espèces a été acquise en 1997 par le Conseil général de l’Aveyron. Il en fait la vitrine de sa politique en matière d’espaces naturels sensibles.
Ainsi, c’est notamment pour leur caractère ultra-rustique qu’on a fait venir ces Highlands. Même mouillées, ces vaches ne dépassent à peine les 450 kg. De quoi faire sourire un éleveur de charolaises. Ne parlons pas de leur production laitière… Bref, presque aucun intérêt pour les éleveurs. Oui mais voilà, descendue de ses hauts plateaux, la Highland cow a quelque chose que les autres n’ont pas. Comme les Ecossais, elles résistent à tous les frimas et humidité. Ainsi peut-elle avoir un rôle essentiel dans les espaces naturels sensibles comme les tourbières. En y pâturant et broutant les herbacées sans faire la difficile, elle les entretient sans les piétiner. Et dieu sait si la tourbe est importante à la vie, pas seulement pour les amateurs de pur malt, mais pour tous ceux qui sont sensibles à la gestion de l’eau.
Or alors que partout ailleurs, la présence des Highlands cows constitue un argument touristique pour l’engouement qu’elles suscitent, en Aveyron, pas question d’en parler. Ainsi la page du site du Conseil général dédiée à la tourbière des Rauzes n’en fait même pas mention.
Il semble que les éleveurs du coin n’aient pas vu d’un bon œil qu’on laisse une quinzaine d’ ha de pâturages à ce bétail exogène au détriment par exemple de la race Aubrac. Or il y a 50 ans, les Aubrac plutôt faméliques étaient parfaites pour les tourbières. Depuis, à force de croisements génétiques, elles ont sacrement pris du poids comme d’ailleurs la plupart des races françaises. Ce qui peut justement poser problème dans les tourbières.
Aux dernières nouvelles, les Highlands cows d’Aveyron sont quatre aujourd’hui. Alors qu’une vache met bas une fois par an, on ne peut donc pas dire que l’Aveyron les aient rendues très fécondes. Elles partagent désormais l’espace avec les troupeaux locaux. Quant à tirer un bilan de l’expérience sur le plan de la préservation de la nature… ceci est une autre affaire.