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La « Pomme bleue » de Roger Béteille

A l’heure du Salon de l’Agriculture, La Pomme bleue, le dernier roman de Roger Béteille tombe à point nommé. Cette pomme bleue peinte par le narrateur est un geste de révolte romantique contre l’avancée inexorable du progrès technique dans les campagnes des années soixante. Un roman de terrien.

Un livre impitoyable magnifiquement écrit sur fond de modernisation des campagnes Aveyronnaises. Cette époque où les Mc Cormick ont remplacé les attelages de bœufs Aubrac et où les haies et les coquelicots sont devenus des indésirables vue par les yeux d’un jeune adolescent qui se fait homme.

Le grand-père du narrateur, Antoine, est une incarnation mythique du paysan aveyronnais.En fait, un grand-père rêvé universel que Pagnol n’aurait pas renié. A l’heure du MacDo au Cantal… et des OGM, sa droiture, son sens du beau et du juste nous semble à des années-lumière.

Le passage où le maire du village vient lui annoncer qu’il va défoncer au bulldozer son allée de pommiers pour laisser le passage aux moissonneuses batteuses, vous tort les tripes. Roger Béteille montre bien comment ce « progrès » brise un homme droit forgé par le travail de la terre.

Mais à côté du grand-père, il y a le gendre, incarnation du paysan moderne surnommé Meca pour l’amour qu’il porte à son tracteur qui finira par l’écraser. Entre les deux hommes, la rupture inscrite en filigrane ne manque pas de se produire. Roger Béteille n’oublie pas non plus les jalousies et les rivalités ancestrales entre paysans qui perdurent encore aujourd’hui dans bien des villages.

La justesse de l’écriture et du ton fait qu’une fois croquée, on dévore cette Pomme bleue jusqu’au trognon sans laisser un pépin. Le livre marquera tous les lecteurs qui ont encore un rapport charnel avec la terre et la nature. Sans nostalgie pourtant, puisque le narrateur, monté un temps à Paris, retourne à la terre ancestrale. L’espoir est dans le pré …

La Pomme Bleue
Roger Béteille
Editeur : Rouergue
Prix : 18 €

Lire l’interview donnée à Aveyron.com par Roger Béteille en avril 2003.