Durant les années cinquante et soixante, la dépopulation continue de plus belle. Une véritable hémorragie : depuis 1940, le département a encore perdu près de 45 000 habitants. Si l’agglomération du Grand Rodez a bien résisté au déclin grâce, notamment à ses industries et à sa « mecanic valley », les bourgades plus rurales n’ont pu retenir les jeunes au pays. Nombre d’entre eux filent vers le nord, Ile-de-France et autres grands centres urbains.
1962 est marqué par la grande grève des mineurs de Decazeville qui se refusent à la fin de l’extraction du charbon., un vrai défi au Général de Gaulle. Les activités métallurgiques, mises en place pour compenser ce déclin, vont vite montrer leurs limites. Il a dès lors fallu recourir à d’autres plans. Les hippies s’enthousiasment pour la défense du plateau du Larzac mais le phénomène est largement soutenu par la population du Sud-Aveyron où une immense majorité s’est prononcée contre l’extension du camp militaire.
En 1978, les paysans organisent une grande marche sur Paris, leurs élus en tête. Trois ans plus tard, l’abandon de l’extension du camp militaire sera l’une des premières décisions du nouveau président François Mitterrand.
Plus de vingt ans après, ce mouvement a sans doute légué une bonne partie de ces racines à la Confédération paysanne de José Bové. Comme l’expliquait ce dernier au quotidien Libération : « Les paysans avaient choisi d’installer de jeunes exploitants sur le périmètre d’extension du camp militaire », pour expliquer son installation sur le plateau. Joli paradoxe de l’Aveyron où le droit de propriété est chevillé au corps et à l’âme et qui est le département français à avoir inauguré la plus grande expérience d’agriculture autogérée de l’hexagone.
Les 6300 ha des terres appartenant à l’Etat sur lesquelles sont venus s’installer néo-ruraux et apprentis paysans sont gérées par la Société civile des terres du Larzac (Sctl) depuis 1985. José Bové était l’un de ses gérants. En août 2014, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a signé une extension du bail des terres de 60 à 99 ans afin de pérenniser le travail des exploitants agricoles. Ce qui les met à l’abri des convoitises jusqu’en 2083.