L'histoire en 15 tableaux

Tableau n°12 : Le temps des émigrés

Quand les choses ont commencé à mal tourner en Espagne (vague d’épidémies et troubles politiques) sous la Restauration, les Aveyronnais se sont tournés vers d’autres horizons. Ceux de la montagne (Aubrac, Carladez, Vallée du Lot) ont dirigé leurs pas vers la capitale. Ces premiers temps furent les plus durs : de saisonnière l’immigration devint permanente.

porteur-deauLa plupart optèrent alors pour le métier de porteur d’eau. Travail de forçat à monter et à descendre les escaliers toujours en butte avec la maréchaussée et les bourgeois, car ces hommes turbulents tentaient souvent de s’assurer un monopole de fait sur les fontaines de la capitale contestant leurs droits aux autres usagers.

Comme le relève Alfred Fierro dans son Dictionnaire de Paris (Robert Laffont, collection Bouquins), « ces Auvergnats amassaient peu à peu une petite fortune » en revendant l’eau cinq fois plus cher. Au point que le prix d’un fonds de porteur d’eau pouvait atteindre celui d’un débit de vin.

En prospérant, le porteur d’eau pouvait passer à une carriole équipée d’une énorme bassine munie de robinets.

Le plus rentable était toutefois le porteur de bain chaud. Encore fallait-il d’abord porter la baignoire dans les étages puis les seaux d’eau bouillante, supporter stoïquement les réflexions de la maîtresse de maison : « Soyez gentils, n’en mettez pas partout.» Avec Haussmann, l’eau et gaz à tous les étages pousseront les porteurs d’eau à une reconversion forcée. Vers le charbon…des bougnats, ancêtres des cafés.

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Le café du Métro, rue de Rennes, café dans la même famille aveyronnaise depuis quatre générations

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