XIVe siècle. Siècle des ténèbres. En 1348, déjà la peste noire emporte un tiers de la population. Quant au Prince noir, si le nom sonne aujourd’hui comme un biscuit chocolaté, à l’époque, vers 1350, à sa simple évocation de son nom, les genoux s’entrechoquent. Le fils aîné du roi Edouard III, prince de Galles baptisé Prince Noir du fait de la couleur de son armure, a sillonné le Sud-Ouest. Et pas en touriste, plutôt en propriétaire sûr de son bon droit devant des squatters. A l’époque, pour son malheur, le Rouergue est une possession anglaise du fait du traité de Brétigny de 1360. Prisonnier des Anglais durant trois ans, le roi de France, Jean le Bon, a dû verser une énorme rançon et céder le quart du royaume aux Anglais. Une fois encore, le Rouergue fait la preuve de son patriotisme, Rodez se révolte neuf ans plus tard.
« Aye Dieu ! Aye aux compagnies »
C’est ce cri que les routiers s’attaquant aux villes et villages. Au nord, autour d’Espalion, les hommes d’Arnaud Cervole, surnommé l’Archiprêtre, rançonnent, pillent, violent et enlèvent les enfants qui leur serviront de pages. Il en va de même dans le Larzac et autour de Camarès avec les routiers aragonais d’Henri de Trastamare.
Ces bandes de mercenaires licenciés, sans soldes, désolent le pays en s’attaquant d’abord aux paysans éloignés des murailles des villes. Ne rencontrant aucune résistance sérieuse, les Grandes compagnies vont s’ancrer dans le pays durant un demi-siècle.
Les châteaux, églises fortifiées comme celle de Radegonde (ci-dessus) et autres places fortes qui parsèment aujourd’hui l’Aveyron ont été construites au prix de grands sacrifices pour offrir un rempart contre ces écumeurs de pays. Devant l’absence de réactions des autorités légitimes, les moines eux-mêmes se mirent à édifier des tours afin de permettre aux villageois d’abriter leurs familles et leurs biens. Ce n’est qu’en 1391, que les Grandes Compagnies attirées par l’appât d’un gain nouveau se réunissent sous le commandement de Jean III d’Armagnac pour filer vers la Lombardie.