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Guillaume-Thomas Raynal (1713-1796) – Le Rouergat des Lumières

Un opportuniste du XVIIIe

Raynal fait partie de ces hommes de plume du XVIIIè qui vont dynamiter l’édifice social de l’Ancien Régime en instillant dans l’opinion publique les idées nouvelles.
Et le paradoxe de sa situation, c’est qu’il est le premier à bénéficier du système qu’il dénonce. Il participe en effet, du système général où les grands noms de la noblesse se piquent de faire circuler sous le manteau les écrits interdits de Voltaire ou ses propres ouvrages, imprimés à Amsterdam et à Genève.

L’acte I du parcours de Raynal évoque celui d’un Alain Minc. Genre consultant très bien payé par de grands entreprises et essayiste en vogue qui ne s’embarrasse pas de scrupules pour reprendre à son compte des passages entiers écrits par d’autres quand l’inspiration vient à manquer.

Par ses pamphlets, Raynal a servi les grands de l’époque Choiseul, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de Louis XV, le protégé de la Pompadour. Il écrit des ouvrages de commandes, pour satisfaire des buts de stratégie de la diplomatie française. N’oublions pas que les élites européennes, parlent, lisent, pensent en langue française. Ainsi en va-t-il lorsqu’il publie l’Histoire du Parlement d’Angleterre, plutôt critique sur le système britannique. Ils fréquentent les salons littéraires, à commencer par celui de la célèbre Madame Geoffrin (ci-dessus, indiqué par la flèche).

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La récompense de ces bons et loyaux services tombe avec la nomination de Raynal à la tête du Mercure de France, le grand périodique littéraire de l’époque. Etre directeur du Mercure de France, c’est être au firmament de la République des Lettres, une sorte de Bernard Pivot puissance 10 à l’époque d’Apostrophes.