la grève de la faim du docteur Mania
Un hôpital par département, tel est le schéma hospitalier français. Compréhensible à un moment où la Sécu affiche un déficit abyssal et où la France est championne des prélèvements obligatoires. Oui, mais voilà l’Aveyron n’est pas la Haute-Marne. Dans ce pays de relief, les ambulances peuvent mettre du temps pour acheminer un patient à l’hôpital. Et dans le seul sud de l’Aveyron, il y a deux hôpitaux : celui de Millau et celui de Saint-Affrique. Leur fusion en Centre hospitalier intercommunal (CHIC) en 2000, n’a généré aucun projet commun. Au contraire, il y a eut une guéguerre entre certains médecins des deux hôpitaux. Résultat ; un blocage total et des dépenses en flèche. L’Agence régionale d’hospitalisation (ARH) de Midi-Pyrénées invoquait un déficit de 4,9 millions d’Euros et des remplacements de spécialistes extrêmement chers à Saint-Affrique pour justifier la fin du service de réanimation et de chirurgie à Saint-Affrique. (ci-dessous jour de marché à St Affrique).
Le couperet devait tomber le 1er novembre, et l’hôpital tirer un trait sur son service de réanimation et ses urgences, ultimes services qui distinguent un hôpital d’un centre de soin. Les actions ont porté. La mesure projetée à été annulée. Elle n’est pour beaucoup qu’un répit. Et à Saint-Affrique on espère vivement que le projet de plate-forme commune d’un nouvel hôpital entre les deux villes, par exemple à Saint-Georges de Luzençon permettra de regarder l’avenir avec sérénité. Encore faudra-t-il passer bien de la pommade pour refermer les plaies dans cette guerre de docteurs millavois et saint-affricain.
La communication sacrificielle du docteur Emile Mania.
Depuis dix ans en poste à Saint-Affrique, ce chef de service de médecine générale, originaire de Douai, est tombé amoureux de Saint-Affrique. Cet entretien a été réalisé au 7ème jour de la grève de sa faim. Deux jours plus tard, après l’annulation de la mesure, le docteur Mania ainsi que les autres grévistes recommençaient à se nourrir.
La grève de la faim, c’est une forme de communication sacrificielle, n’y avait-il pas d’autre choix ?
«Je n’aurais jamais imaginé que l’on en serait venu à un tel point. Depuis dix ans, on essaye de se faire entendre de l’administration sans succès. Avec ce protocole couperet qui tombait le 1er novembre, il fallait se faire entendre. Je n’ai pas fait de prosélytisme, l’idée s’est imposée comme ça dans notre esprit. C’est vrai qu’on est pas parti en se disant qu’on allait mourir.
Notre cause est juste. En tout cas, cette forme de communication a aidé à mobiliser l’ensemble de la population locale. Les gens se sont rendus compte qu’ils pouvaient se rapprocher, être moins égoïstes. »
Mais que penser du projet de bâtir un nouvel hôpital entre Millau et Saint-Affrique?
«Un nouvel hôpital entre Millau et St Affrique, aurait une triple cohérence. Une cohérence de sécurité, une cohérence technique en regroupant toutes les forces techniques du Sud Aveyron, une cohérence économique car, plutôt d’agrandir l’hôpital de Millau, mieux vaut rationaliser l’ensemble des services sur une nouvelle structure. Et puis il entraînerait une nouvelle attractivité pour le territoire. Mais attention, il faudrait que ce hôpital se trouve à Luzençon pas à Millau, de façon à être entre Millau et Saint-Affrique.»