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Les quilles de huit : sport ethnique du Rouergue (reportage à Belleville )

Deux enclaves rouergates dans les parcs et jardins de la mairie de Paris

De fait, l’Aveyron à Paris, ce n’est pas seulement l’Oustal et les milliers de bistrots. C’est également ces deux squares bien particuliers connus seulement de la diaspora. L’un se trouve à l’angle de la rue de Belleville et de la rue du Télégraphe, l’autre à la Porte de Saint-Cloud. Ni toboggans, ni bacs à sables dans ces endroits. Ce sont le siège des deux clubs de quilles aveyronnaises de Paris, l’historique Solidarité Aveyronnaise créée en 1912 et présidée par Roger Laurens et le Sport Quilles Rouergat présidé par François Lautard, autre club historique créé en 1947. Un tiers des licenciés parisiens sont issus de la filière bistrot, d’où peut-être le flocage des maillots du Sport Quilles Rouergat aux couleurs des cafés Richard.

A Paris, il devient de plus en plus difficile de motiver les plus jeunes. Il reste bien des poussins, et des jeunes femmes, mais ils ne sont pas les plus nombreux, la tranche d’âge la plus représentée, c’est 45-60 ans.

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Heureusement, à Belleville il y a des habitués du jeudi qui terminent toujours leurs parties par un gueuleton. Sur la Porte Saint-Cloud, siège de la Solidarité, chaque mercredi Roger Laurens, est présent pour accueillir les plus jeunes.

A la rentrée prochaine deux filles viendront étoffer les équipes dont Séverine, 15 ans présente ce dimanche 25 juin. Pas question pour elle de rater le championnat de France par équipe de Rodez le 12 août. C’est surtout l’occasion pour Séverine de retrouver ses copines aveyronnaises. Déjà impatiente de disputer les championnats de Paris en juin 2002, elle regarde avec attention Joëlle, 19 ans, qui remportera cet après-midi là, la Coupe Féminine. Une autre mordue des quilles. «J’y joue depuis le CE2. Alors quand je suis montée à Paris pour faire mes études de kiné ; il n’était pas question pour moi de laisser tomber mon sport favori» , d’autant qu’elle pouvait approcher le mythique Daniel Guibert, l’as des quilles aveyronnaises !
Quelques conseils :
Compte tenu du poids des boules de 3 à 4 kg, que l’on doit projeter à 20 mètres, la pratique de la quille Aveyronnaise réclame une bonne condition physique. A surveiller et à entretenir adducteur et dos du fait du mouvement d’extension. On peut avoir également des douleurs au coude par les vibrations procurées lorsque la boule heurte la « tampe « . La quille c’est un sport qu’il faut plutôt commencer tôt, mais que l’on peut pratiquer tard. Roger Laurens, président de la Solidarité Aveyronnaise prévient : «  A partir de cinquante ans, il vaut mieux jouer toutes les semaines.  »

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Cette boule poussiéreuse qui fait trembler le sol et frappe les rambardes est un objet éminemment personnel. Une vraie bonne boule peut vous accompagner quarante ans. Ce qui explique son prix : plus de 1000 francs. Généralement en racine de noyer, on en trouve désormais en lamellé avec une partie durcie et renforcée pour l’endroit où elle va taper la quille pour la projeter en l’air.