Amicales et Folklore

Paris-Pays : Le Dossier


Ploucs rouergats contre doryphores parisiens ?

doryphoreAutrefois, c’était l’Espalionnais qui se faisait construire sa villa rococo sur les bords du Lot, aujourd’hui, c’est l’épicier marocain qui se fait construire sur les contreforts de l’Atlas une villa avec piscine. Dans les deux cas, l’immigré qui a réussi à Paris et qui rentre au Pays pour les vacances suscite toujours des sentiments d’envie mêlés d’admiration. Au pays, on les a baptisés depuis longtemps d’un terme péjoratif :les doryphores. Une appellation en référence à ces drôles de coléoptères qui raffolent des pommes de terre et qui prospèrent par temps chaud. (ci-dessus photo-montage). Il faut souligner qu’au sud de Bozouls, l’appellation Doryphores s’applique également avec ce sens péjoratif, aux Tarnais.
En Aveyron, les comportements des Parigots l’été, qui font marcher les langues durant les trois saisons suivantes, ne datent pas d’hier. Dès le début du siècle, en tout cas dans les cantons de la Montagne, les bougnats revenus avec quelques sous en poche, ne manquaient pas, durant l’été, de le faire voir. Et ça marchait et ça jasait.
Aujourd’hui, la tendance serait plutôt de jouer la carte de la modestie. Pour vivre heureux, vivons cachés. La piscine oui, mais pas au bord de la route. Bien sûr, il reste les cabriolets et les berlines immatriculées 75 qui chaque été sillonnent les routes du Nord-Aveyron. Les quelques fêtes organisées, du côté d’Espalion par les alcooliers et autres fournisseurs, à destination de leurs clients parisiens, alimentent parfois le ressentiment. Il en va de même pour le côté terrain conquis de certains. « Parmi ceux qui viennent trois semaines par an, certains nous expliquent en permanence ce que l’on devrait faire ou ne pas faire, alors que nous vivons au village à l’année, alors, c’est vrai, on l’a parfois mauvaise.» raconte une habitante de Saint-Hippolyte.

rodez_marche

De l’autre côté, les “Parigots” en ont parfois marre d’être pris seulement pour des planches à billets à qui on peut faire avaler n’importe quoi. «On en a marre de voir des devis trop salées, à chaque fois que l’on veut faire des travaux. Mais surtout le pire c’est qu’on nous dise qu’on peut se le payer parce qu’on est Parisien. Quand j’entends au Pays, alors comme ça tu as une affaire à Paris, tu dois être riche. Ca m’énerve un peu. Ils n’ont pas idée du coût de la vie dans la capitale ». raconte un patron de bistro.

L’Aveyron, certains Parisiens y reviennent moins.
Le lien avec le pays aurait-il tendance à se distendre chez certains Parisiens ? Ainsi pour bien des quadra et des quinqua parisiens, la tendance n’est plus d’y passer trois semaines en août. L’exemple des Aveyronnais de Paris, morts au “champ d’honneur“ d’un accident cardio-vasculaire, relativement jeunes après des décennies debout derrière le comptoir et des étés à banqueter, a fini par faire peur. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui passent souvent moins longtemps en Aveyron avant de filer ailleurs souffler. Il y a parfois plus grave quand on aborde le chapitre des vieux jours. «A force de voir des villages désertés, confesse Maurice Cayron originaire de Cantoin, ou uniquement habités par des personnes du 3ème âge, je me demande si c’est bien en Aveyron que je finirai mes jours. »

amicale-st-come

banquet de l’amicale de Saint-Côme en 2002

parispay1Reste la famille, les amis, et le banquetou, le village.
Il y a ce qui divise et ce qui rassemble Une fois dépassés les clivages entre l’agriculteur, le fonctionnaire, le cafetier ou le notaire, il y a comme dans toutes les familles des liens qui sont plus forts que les différences. L’Aveyron en est un.
(Ci-contre un déjeuner de famille l’été en Sud Aveyron, devant un gâteau à la broche préparé par le patriarche. )