Au dîner de la «fédé», dans cette « intimité aveyronnaise », Michel Bras s’est pour une fois un peu lâché. Il s’est présenté comme un «animal sauvage». Il a expliqué qu’au début de sa carrière il avait été gêné par les codes de sa profession. Et de revendiquer son côté malicieux. Par exemple en mettant en œuvre pour les 250 convives un dessert à base de feuilles de pommes de terre ondulantes et de crème pâtissière qui vous obligeait à vous lécher les doigts. Le chef a avoué son plaisir à voir les dames s’en mettre plein les doigts….Plaisir qu’il avait ressenti voilà longtemps en réalisant des cornets de Murat qui explosaient au premier coup de dent.
Michel Bras a caressé un public conquis dans le sens chauvin du poil rouergat :
« Aujourd’hui en Aveyron on vit dans un paradis, vous pouvez être fier de votre pays, il n’a jamais été aussi beau et porté d’aussi belles choses. Ca n’était pas comme ça il y a 40 ans. Depuis, nos producteurs ont fait de vrais progrès.»
On ne va pas le contredire même si on n’oublie pas le scandale Spanghero et ses connexions aveyronnaises. Ou encore les revendications de la FDSEA sur les cahier des charges du label «porcs de montagne» visant à développer un productivisme porcin. Un point qui pourrait rendre les paysages, comme la gastronomie aveyronnaise, un peu moins attractifs…
Parlant de son «Café Bras», qu’il conduira avec son fils Sébastien et le beau-frère de ce dernier, Michel Bras évoque un lieu de rupture. Ce ne sera ni une cafétéria, ni une brasserie mais un espace ouvert toute la journée avec des plats différenciés selon les horaires pour satisfaire différentes clientèles. A la fois les jeunes au lendemain de bringues que les dames voulant prendre le thé et papoter autour de gourmandises.
Le « Café Bras » sera pensé autour de trois lignes forces. L’accueil d’abord qui devra faire la différence. Pas question de tomber dans l’esprit «cafette de province». Le lieu, ensuite, qui devrait être en cohérence avec le reste du monument, même si le chef a expliqué que le débat était parfois animé avec les architectes catalans. Et enfin la cuisine bâtie autour des produits du pays.
Michel Bras est resté muet sur d’éventuels plats emblématiques. Pas question de fantasmer sur un aligot Outrenoir baptisé le « Soulagou »… Au chapitre des prix, le père Bras est également resté dans le flou. Il évoque un prix de 25 euros pour la prestation de brasserie à midi, mais on a du mal à savoir s’il s’agit d’un plat, d’un ticket moyen ou d’une formule… La question n’a rien d’anecdotique s’il souhaite, comme il l’a expliqué, que les Ruthénois s’approprient son lieu. Une des conditions de la réussite de l’ensemble du projet.
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