Actus Livres

« Les Pouvoirs de Jean » le dernier roman de Roger Béteille

 

L’amour parvient-il à triompher de la solitude des paysans ? Surtout quand des rumeurs s’attachent à désigner comme marginal un guérisseur du feu. Dans son dernier ouvrage, Roger Béteille montre que les excès de la modernité n’ont pas encore eu raison ni des vieilles superstitions ni du bon sens paysan rouergat teinté d’humour.

Jean Pelous est éleveur de chèvres, il habite Longcamp, un hameau des hauteurs. Au décès de sa mère Séverine, une tristesse lancinante l’enveloppe. Elle était son seul réconfort et son unique compagnon. La cupidité de son voisin Paul Caze, auquel tout semble réussir, enferme sa vie solitaire dans des réflexions maussades : désormais qu’il est seul, on lui demande de céder ses terres à bon prix. Mais Jean est têtu. Il se fait un point d’honneur de persévérer. Malgré toutes ses réticences et ses manières brusques il va rencontrer Cathy, fille de la ville qui va tomber amoureuse de lui, par l’entremise d’une agence matrimoniale.

La convoitise de son voisin pour ses terres, les rumeurs des campagnes reculées et crédules semblent fragiliser l’idylle naissante entre le paysan et la citadine. C’est que Jean a des pouvoirs, sa mère guérissait le feu et le legs de ses incantations divinatoires vit dans la chair de son fils. Mais en l’occurence, le surnaturel est ici plus un embarras qu’une aventure… Si Jean doit plaire à Cathy il doit montrer son visage le plus affable et sa plus tendre lucidité. Il devra aussi échapper aux commérages et à la cupidité des habitants du village.

Entre jalousie et interêt, exploitation moderne et travailleurs humbles, Roger Béteille peint une fresque jamais sèche de la confrontation entre l’ancien monde et le nouveau. Entre les superstitions et l’illusion de la permanence des choses qui s’imposent à l’amour dans les campagnes reculées de l’Aveyron. L’écriture, elle aussi, semble bercée par ces deux influences : le roman moderne et un style ancien au lyrisme parfaitement maîtrisé. Heureusement, le réel s’immisce teinté d’humour et d’affection pour ces personnages que tout rapproche.