Voilà 70 ans, du Carladez au Lévezou, le quête d’une nouvelle énergie, la « houille blanche», bouleversait les paysages aveyronnais. Les barrages noyaient des vallées et créaient mers intérieures et petits fjords. (voir le formidable reportage photographique à l’époque du Docteur Gondal sur le construction du barrage de Sarrans). Nul aujourd’hui ne s’aviserait de remettre en cause leur apport pour l’Aveyron tant pour les paysages que pour les recettes économiques et touristiques.
Aujourd’hui, avec plus de 110 projets de parcs éoliens recensés en Rouergue, on est peut-être à la veille d’un bouleversement du territoire aussi important -sinon plus- que celui qu’a connu nos grands-pères avec les barrages. A l’époque, les ingénieurs de la fée électrique avaient tout pouvoir. L’expropriation était une formalité, on donnait une enveloppe au paysan pour lui faire oublier la noyade de son champ ou de sa ferme.
Avec l’énergie éolienne, les choses sont beaucoup moins claires, les projets sont divers et ils ne sont plus d’origine publique mais d’origine privées. Ils sont en principe soutenus par des écologistes, auxquels s’associent industriels de l’énergie et du BTP mais ils génèrent l’opposition de défenseurs des paysages du Rouergue. A y perdre son latin..(ci-contre petit photo-montage pour illustrer les contradictions de notre société. Le beau viaduc permettra aux routiers d’augmenter un peu plus leur part de marché sur le transit vers l’Espagne – au détriment du rail qui capte moins de 5 % du trafic- et donc de recracher un plus de gaz à effets de serre que les éoliennes ont pour mission de faire baisser…) En dernier ressort, c’est le préfet qui prend la décision d’accorder ou de refuser le permis de construire aux termes d’une longue procédure. (Lire l’interview de Chantal Jourdan, préfet de l’Aveyron).
Et puis, entre les petites éoliennes que l’on peut librement installé et les parcs de 30 éoliennes de 125 mètres de haut plantées en batterie en haut des causses, il devient très difficile d’avoir une vision arrêtée. Tout juste peut-on ébaucher quelques pistes de réflexion. Le fait est qu’avec les rachats garantis du Kw à un tarif deux fois et demi supérieur au prix du marché, financé par une surtaxe payée par l’usager, l’éolien s’avère intéressant tant pour des investisseurs à la recherche de rentabilité prévisible tels que les fonds de pension que pour des agriculteurs à l’avenir imprévisible. Encore que dans le cas de l’Aveyron, primes de montagne et prix du litre de lait de brebis garanti par roquefort, se conjuguent pour faire reculer de très loin le spectre de la précarité, plus souvent vécue par les producteurs de porc ou de choux fleur breton…
Parmi tous les projets Aveyronnais, il en est un dont les permis de construire sont sur le point d’être déposés. Avec ses 33 éoliennes de 100 à 125 mètres de haut (la hauteur dépendra du permis) avec les pales et une puissance théorique totale de 90 Mw, c’est de l’éolien XXL ! il représente, à lui seul, le tiers de la puissance installée aujourd’hui en France (soit 300 Mw mais 10 000 Mw sont visés en 2010). Lieu d’implantation le territoire de la Communauté de communes du pays de Belmont-sur-Rance. Montant de l’investissement : 90 millions d’Euros. (590 millions de francs). Sur place son implantation se heurte à de sacrées oppositions.