Actus Art de vivre

La Maison Aveyronnaise

Car l’ouvrage aborde aussi le quotidien dans la maison aveyronnaise parfois réputée d’une vétusté difficilement imaginable. Chaque espace est décrit avec minutie. Ainsi de la souillarde où les femmes faisaient leur toilette dans un baquet de zinc près du placard où l’on remisait les toupines de confits. Il faut lire le témoignage de Marie-Thérèse Lacombe, l’épouse du leader historique de la FNSEA, Raymond, sidérée par la rusticité de la maison familiale de son mari. Une situation vécue par beaucoup et qui a pu expliquer en partie le célibat forcé des paysans aveyronnais lié au départ des filles pour la ville tout comme le mouvement de « décohabitation » des plus jeunes qui ont soit divisé la maison familiale en deux, soit carrément quitté l’oustal et la férule paternelle pour se bâtir un chez-soi. Le livre ne fait pas l’impasse sur les dérives liées à la promiscuité dans des familles comptant 7 à 11 enfants. Et de citer Roger Béteille et son « Eros en Rouergue » signalant les cas d’incestes entre pères et filles connus voire cadrés par la mère ou les relations sexuelles entre frères et sœurs étaient sanctionnées par la récitation de quelques « pater noster » à la sortie du confessionnal …

Une maison près d'Orlaguet photographiée par le Docteur Gondal à la fin des années trente

Les poules reçoivent leur ration de grain devant une maison près d’Orlhaguet photographiée par le Docteur Gondal à la fin des années trente

Pour les restaurateurs des bâtiments, l’ouvrage est aussi une mine de savoirs sur les techniques employées. Mais c’est aussi et surtout un appel à la préservation de la diversité et la richesse architecturale de l’Aveyron par exemple de ces granges de pierres ou ces vieilles fermes en état de dégradation avancée. D’autant que la pénurie de certains matériaux- lauzes ou chaux- pourrait entraîner une perte définitive de savoir-faire d’artisans. Quant aux nouvelles constructions, les auteurs ne cachent pas leurs préférences pour des maisons à ossatures de bois. Certains promoteurs et aménageurs de ZAC ne goûteront donc pas forcément La Maison Aveyronnaise. Ne parlons pas des bâtisseurs d’usines à jambon géantes, énormes cubes de béton au milieu des paysages du rougier autrefois harmonieux…

Lire l’interview de Daniel Crozes