Avec son œil malicieux et son côté pince sans-rire, Jacques Boscary aurait fait un excellent comédien. Au Grand Tasting, la crème des salons de vins qui se tenait début décembre au Carrousel du Louvre, il a d’ailleurs joué de son don pour faire déguster et apprécier ses vins.
Neveu de Roland Boscary-Monsservin, indéboulonnable député-maire de Rodez des Trente Glorieuses, Jacques Boscary a fait de son Château Rouquette-sur-Mer un terroir de grands crus languedociens en cinq décennies. Le domaine de 60 ha qui s’étend sur le massif de la Clape au-dessus de Narbonne-Plage a été acquis en 1942 par son grand-père, Henry Lapierre, alors DG du Roquefort Maria Grimal.
Ce domaine en très mauvais état au sortir de la guerre, Jacques Boscary n’a eu de cesse de le replanter en syrah et mourvèdre. Têtu et tenace, année après année, il a veillé à disperser sa vigne autour des espèces dominantes de la végétation méditerranéenne (thym, romarin, myrte, chênes). Sans parler des 20 000 pins et cyprès qu’il a aussi planté. Sa politique de la qualité s’est révélée gagnante. Château Rouquette-sur-Mer a décroché sa première médaille en 1977, il en a récolté depuis plus de 500…
Ce vignoble est aussi beau que ses cuvées sont bonnes à boire. Avec une gamme bien étagée en deux couleurs. Les blancs, dominés par le bourboulenc auquel se mêle la roussanne, ont une salinité qui témoigne de la proximité de la Grande Bleue. L’accord se révèle enchanteur sur des poissons grillés. Quant aux rouges, c’est une montée en puissance bien maîtrisée qui part de la cuvée classique, joyeux et gouleyant languedoc des copains, à une superbe cuvée Clos de la Tour alliant avec élégance fondu et fraîcheur sous une mélodie de notes de griottes et de cassis confits qui vous ancre dans le palais ce nom de Rouquette-sur-Mer.
