Histoire et culture

Maurice Genevoix au Panthéon. Et s’il y avait un peu d’Aveyron derrière tout ça ?

 

Quels ressorts ont conduit Emmanuel Macron à faire rentrer l’écrivain Maurice Genevoix, l’auteur de « Ceux de 14», au Panthéon ? Durenque, siège du Moulin de Roupeyrac, demeure d’enfance du chantre du Rouergue, François Fabié, n’y est sans doute pas étrangère. Le poète a consacré à la Guerre de 14 un recueil de poèmes.
Le 11 juillet 2009 des Aveyronnais réunis au sein de l’Amitié François Fabié organisent un événement intitulé « Littérature en Lagast » dans ce même Moulin de Roupeyrac. La première édition est justement consacrée à Maurice Genevoix…

Entretien avec Rémi Soulié, vice-président de l’Amitié François Fabié à l‘origine de cet événement.
(entretien donné le 6 novembre 2018)

Vous devez être heureux de voir Maurice Genevoix entrer au Panthéon ?
Oui, bien sûr, d’autant plus que je suis persuadé que la journée « Littérature en Lagast » à Durenque a été à l’origine de cette volonté de faire émerger à nouveau l’œuvre de Maurice Genevoix qui était un peu tombée dans l’oubli. Ce jour-là Sylvie Genevoix – la fille de l’écrivain- et son mari, Bernard Maris, ont rencontré Michel Bernard. L’écrivain, qui est également sous-préfet, a préfacé la dernière réédition de « Ceux de 14 ». Tous les trois ont relancé des activités autour de la mémoire de Maurice Genevoix. Je suis persuadé que Michel Bernard n’est pas étranger à l’idée qu’a eue Emmanuel Macron de rendre cet honneur à l’auteur de Raboliot.

Rémi Soulié, Sylvie Genevoix et son époux, Bernard Maris, en juillet 2009 à Durenque.

Quels sont les liens de Maurice Genevoix avec l’Aveyron ?
L’empreinte aveyronnaise est forte dans la vie de Maurice Genevoix. Il a d’abord épousé une demoiselle Montrozier, médecin de profession, originaire de Saint-Victor-et-Melvieu, mais elle est décédée très rapidement, un an après les noces. Maurice Genevoix a ensuite épousé Suzanne Neyrolles – la mère de Sylvie Genevoix-, une autre Aveyronnaise qui était une amie de sa première épouse.
Pendant l’Occupation, il se replie en Aveyron dans la famille de sa première épouse. En lisant les Mémoires d’un calviniste de Millau, il a l’idée d’écrire « La Motte rouge», un épisode des Guerres de religion qui se déroule dans les Raspes du Tarn — il est difficile de ne pas y voir une analogie avec le contexte de guerre civile entre résistants et collaborateurs. Il tient également un journal, Notes sur les temps humiliés, sur la situation que traverse la France à partir de 1941. Il avait également des liens avec Decazeville, où résidait l’une de ses cousines, à qui il rendait visite.

 

Genevoix au Panthéon, c’est le retour d’un écrivain longtemps placé au purgatoire ?
J’espère que la commémoration autour du Panthéon sera l’occasion de redécouvrir ce poète en prose qui parlait un français aussi pur que celui qu’il écrivait. Sa langue est d’un grand classicisme, d’une grande pureté, limpide comme une source. Il y a aussi cette sensualité, cette réceptivité au monde naturel, à la faune et à la flore, une appréhension charnelle du monde.

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