Le Café du Métro à la sortie de la station « Saint-Sulpice »
En 1920 Jean et Émilie Legrand saisissent une belle occasion et installent, au cour du quartier de Saint-Germain-des-Prés, au 67 rue de Rennes, un café-dépôt de charbon et de bois, à l’enseigne du Café du Métro. En effet, l’établissement est situé à l’une des sorties de la station de métro « Saint-Sulpice » de la ligne « Porte d’Orléans – Porte de Clignancourt ». Le tronçon Châtelet-Porte d’Orléans, ouvert le 9 janvier 1910, et fait la jonction entre les deux autres tronçons déjà ouverts au transport en 1908 et 1909.
Quand on porte le regard sur le « Café du Métro », on remarque au premier plan le candélabre de type Val d’Osne . C’est une des rares stations du VIe arrondissement (Saint-Miche!, Saint-Germain-desPrés, Saint-Sulpice, Saint-Placide) encore aujourd’hui dotées de ces candélabres datant de 1923. Le candélabre en fonte se compose d’un mât de quatre mètres de hauteur, comportant à son sommet un globe éclairant surmontant un bandeau rectangulaire portant le mot «METRO », éclairé lui aussi de l’intérieur et orné de contours en friseen harmonie avec les entourages des accès ; ils doivent leur nom à leur fabricant, la Fonderie du Val d’Osne, dans le département de la haute-Marne.
Revenons aux Legrand. Très vite, Jean et Emilie comprennent que l’apparition des nouveaux combustibles entraîne le ralentissement de la vente de bois et de charbon et que cette évolution est probablement irréversible. Aussi ne tardent-ils pas à convertir leur établissement en bar à part entière.
Ils ont leur domicile à l’entresol de l’immeuble, au-dessus de la salle, et c’est là que naît en 1921 leur fille, Marcelle, qui grandira dans l’atmosphère du café et y travaillera dès l’âge de 16 ans. Avec détermination ils modernisent leur installation et c’est ainsi le premier commerce de la rue de Rennes à être raccordé au réseau électrique.
À la même époque le quartier se transforme complètement, les parcelles de la rue de Rennes sont toutes construites. Depuis la fin de la Grande guerre, à la clientèle traditionnelle des cochers, plâtriers et maçons, se mêlent des artistes, venus pour beaucoup d’Europe de l’Est. Apollinaire, nous a-t-on rapporté sans que nous ayons été en mesure de vérifier l’authenticité de la source, aurait d’ailleurs prophétisé, dans le Mercure de France : «Bientôt je gage, sans le souhaiter, que ce quartier aura ses boîtes de nuit, ses chansonniers, comme il a ses peintres et ses poètes». Les premiers cabarets apparaissent, que fréquentent Cocteau, Aragon, Desnos, et bien d’autres. Et c’est dans ce quartier aussi qu’Hemingway écrit son livre « Paris est une fête ». La fréquentation du café s’en trouve confortée, et l’entreprise prospère. Dès 1926 les Legrand se sont fait construire une maison à Espalion, et, dix ans plus tard, c’est au volant d’une belle automobile que jean Legrand y promène sa famille. Qu’il semble loin, le temps de la charrette à bras Les « bougnats » peuvent être fiers de leur réussite.
Lire la suite