l'Aveyron à Paris Livres

Quatre générations de bougnats dans le quartier Saint-Germain-des-Prés au Café du Métro

Ainsi, nous sommes au début du XXe siècle dans la partie nord du département de l’Aveyron, sur le plateau de la Viadène dans l’Aubrac, un pays rude à peu près à égales distances de Laguiole, d’Espalion et d’Entraygues. Émilie Magne est née en 1891 à Saint-Amans-des-Cots d’une famille pauvre de la campagne. Comme il est d’usage à cette époque, elle est placée très jeune comme bonne «chez des cousins plus aisés». Elle ne se satisfait pas de cet état. Alors qu’elle n’a que dix-sept ans, elle quitte le pays en 1908 et espère bien, selon ses propres termes, «faire fortune à Paris».

Sa route croise bientôt celle de Jean Legrand, originaire de Saint-Quentin en Picardie. Celui-ci, comme tant de provinciaux, est lui aussi monté dans la capitale tenter sa chance : dès l’âge de treize ans, avec pour seul bien sa charrette à bras, il travaille comme livreur de charbon et de bois de chauffage.

Immergés dans ce milieu du commerce de bois et de charbon, il n’y a rien de surprenant à ce que les jeunes gens se rencontrent, puis se marient et rêvent de s’installer à leur compte.

café du Métro en 1920

café du Métro en 1920

L’immeuble du 13 rue du Vieux Colombier et 67 rue de Rennes

Le percement de la rue de Rennes commence en 1855, le deuxième tronçon (rue de Vaugirard-rue du Four) est exécuté dans les dernières années du Second Empire. La plupart des parcelles du premier tronçon sont loties avant la crise politique et financière des années 1870, qui ralentit les chantiers.

En 1890, à côté de la caserne des pompiers, est achevé un nouvel immeuble remarquablement situé à l’intersection de la rue de Rennes et de la rue du Vieux-Colombier, qui mène au centre du vie arrondissement, place Saint-Sulpice ( parvis de l’église, mairie et fontaine des Quatre points cardinaux ).

En pierre de taille, l’immeuble est caractéristique de l’époque, le style haussmannien. Il est composé de deux bâtiments avec une cour intérieure, s’élève sur six étages et comprend une vingtaine d’appartements. Le rez-de-chaussée réservé à des commerces et l’entresol à leurs dirigeants sont traités en soubassement par des refends. Au-dessus, trois étages d’appartements le premier (dit étage noble car le plafond est plus haut et destiné à des familles bourgeoises) et le quatrième au-dessus de l’entresol’ sont dotés d’un balcon courant filant sur toute la longueur. La toiture, mansardée, est percée de lucarnes correspondant aux chambres de bonne.

Le sous-sol de l’immeuble mérite qu’on s’y attarde un moment. Depuis l’Antiquité, le sous-sol de Paris est exploité pour produire des matériaux de construction. L’extraction de la pierre se fit longtemps sans contrôle ni méthode ce fut le cas pour la rive gauche de la Seine et, en particulier, la partie sud du vie arrondissement, sous les terrains dépendant du palais du Luxembourg. C’est sur un sous-sol truffé de carrières que les architectes durent adapter les fondations des maisons et des immeubles. Une partie des caves des constructions furent ainsi aménagées à partir des cavités existantes, et beaucoup de sous-sols d’immeubles voisins communiquaient entre eux.

Ces passages furent parfois utilisés par les résistants pendant l’occupation. Ils furent malheureusement fréquentés aussi par des cambrioleurs, ce qui conduisit à en murer un grand nombre : on distingue, au deuxième sous-sol de l’immeuble, la trace de ces passages désormais condamnés. Il paraît qu’il en subsiste néanmoins ici et là, utilisés notamment par les pompiers de la caserne voisine au 11 de la rue du Vieux-Colombier.

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