La plus grande entreprise rouergate est dirigée par Alain Fabre dont le grand-père était déjà PDG de RAGT.
L’héritier d’une des familles fondatrices
L’actuel président du directoire du groupe , Alain Fabre, (53 ans) n’a rien du fils à papa qui aurait hérité du pouvoir à sa majorité. Ce diplômé des Arts et Métiers a d’abord roulé sa bosse hors du pays.
Après avoir travaillé pour des entreprises d’emballages il a rejoint l’entreprise automobile Chausson -filiale à l’époque 50\50 de Renault et de PSA-.
Directeur de production à 30 ans, chargé notamment de mettre au point les refroidisseurs de moteurs de secours pour centrales nucléaires, Alain Fabre est un pur industriel qui a acquis une solide expérience de différents secteurs.
En 1989, retour au bercail familial. Autant éviter de faire enter un étranger dans l’affaire familiale à fortiori lorsque celle-ci réalise un chiffre d’affaires de près de 290 millions d’Euros (près de 2 milliards de francs). D’abord, nommé DGA, le “dauphin“ va apprendre le métier du dirigeant suprême sous l’œil attentif de ses deux tuteurs : son oncle, Gabriel qui assure la direction générale et la présidence du durant cette période probatoire et Emile Singla, figure emblématique de l’entreprise et président pendant plus de 20 ans. En 1994 , jugé apte à régner, Alain accède au poste de dirigeant suprême.
L’industriel dans toute sa splendeur.
L’homme revendique haut et fort son expérience industrielle.
«Quand je suis arrivé à RAGT, les gens dans nos usines avaient des idées toutes faites sur l’industrie, ils croyaient que le zéro défaut, la qualité totale n’étaient possible que dans l’industrie automobile, mais pas dans l’agroalimentaire. Je les ai détrompés, et dans notre usine de semences nous avons engagé un ingénieur d’entretien pour suivre les process, et ça marche.»
Cet industriel a beau travailler pour l’agriculture, il déteste les images d’Épinal qui illustrent encore trop souvent à ses yeux le monde agricole.
Rien ne le fait plus bondir que l’histoire du boucher qui se rend directement chez la fermière, chercher les veaux à l’étable.
Pour lui, agriculture doit rimer avec productivité, qualité, rendement et traçabilité et rajoute-t-il respect de l’environnement. D’autres parleront de productivisme…
Un industriel, les pieds dans la terre rouergate
Ses racines sont en Aveyron et ses deux frères sont sur l’exploitation familiale. En supervisant personnellement l’édification du siège social (ci-contre) qui s’affiche comme la proue d’un immense paquebot du nouveau quartier ruthénois de Bourran, il a joué la carte du pays.
Cela n’avait rien d’évident, de choisir Rodez comme siège social. RAGT en supporte les frais. A commencer par le prix du billet rédhibitoire BritAir/Air France vers Paris pour ses commerciaux.
De même, le centre de recherche est en Aveyron à Druelle, ses chercheurs, tant ceux des labos et des champs, sont côte à côte et partagent les mêmes repas à la cantine et donc échangent les idées. «A contrario rappelle Alain Fabre, au siège social de Monsanto à Saint-Louis, les chercheurs travaillent dans des serres au dernier étage de l’immeuble de l’entreprise sans voir les pieds sur terre.»
Mais un industriel qui développe les OGM…
Qui dit industriel, dit amélioration du rendement et de la qualité. Du coup, l’évolution vers les OGM lui a semblé “naturelle “.
Ainsi Alain Fabre explique-t-il en substance à ses interlocuteurs que l’actuelle recherche sur les OGM n’est que la poursuite de la lutte contre les prédateurs des plantes où l’on a cessé de croiser et de sélectionner des espèces plus résistantes. Il n’empêche, compte tenu de la crispation sur le dossier OGM, il a fait distribuer aux collaborateurs de RAGT un petit argumentaire sur les OGM. Car RAGT a déjà été au cœur de la lutte des anti-OGM qui ont investi son centre de recherche de Druelle à plusieurs reprises et notamment en avril 2001 pour arracher les plants.