L’ancien Secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau, qui avait démissionné de ses fonctions en septembre, se consacre désormais à son exploitation située à Luc avec sa fille et au lancement d’une marque de lait de Montagne portée par des éleveurs baptisée « MonLait ». Sur le stand de l’Aveyron, au Salon de l’Agriculture, il a répondu à quelques questions sur l’agriculture aveyronnaise.
Quels sont les points les plus sensibles aujourd’hui pour l’agriculture du Pays ?
Il y a l’élevage laitier qui subit des déprimes extraordinaires avec des prix qui sont loin d’assurer les dépenses d’exploitation. Quant à la viande bovine, elles reste aussi à des niveaux de prix injustifiés. En Aveyron, plus d’un paysan sur deux est producteur de viande que ce soit en ovin ou en bovin. L’ovin allait mieux, en revanche, la viande bovine reste à des niveaux de prix qui ne sont pas supportables.
Et les abandons de fermes en Aveyron ?
On commence à voir des abandons de fermes laitières mais des démarches qualité comme le « lait de montagne » peuvent être des opportunités pour l’Aveyron.
Et que pensez-vous des initiatives de petites coopératives comme Cant’Avey’Lot ou l’Eleveur occitan qui produit des fromages au lait de bufflonne ?
Aujourd’hui, la demande est diverse. L’enjeu est de s’adapter à son marché. Je m’occupe moi-même de la démarche « Mon Lait ». Il n’y a pas de limite à l’initiative, il faut que face à chaque marché les producteurs sachent se regrouper pour capter un maximum de valeur ajoutée.
Justement à propos des AOP, la main-mise sur certaines appellations par des groupes industriels ne tire-t-elle pas vers le bas ?
Avec la création des interprofessions, nous avions trouvé des lieux de discussion sur les AOP notamment. Pour certaines, à l’exemple du Comté, ça marche parfaitement. Par contre, on a connu des difficultés sur Roquefort. Oui c’est un danger potentiel mais il faut faire en sorte que les gens travaillent ensemble et discutent. Les AOP sont en danger avec les gros transformateurs.
Et justement à Roquefort, il y a un espoir ?
Pour le moment, ce sont les élections pour le renouvellement du collège producteur. Ce que j’entends à ce sujet augure d’une reprise des discussions …
Le projet de porcherie de 2000 porcs sur les bords de la Truyère est-il bien adapté à la topographie de l’Aveyron ?
L’Aveyron se démarque par des petites exploitations y compris pour le projet de la Truyère. Si c’était un artisan qui employait 10 personnes on lui donnerait la légion d’honneur mais c’est un paysan, et avant même de regarder s’il fait bien son travail, on dit : « il y a danger ! ». Or, en l’espèce, il n’y pas de danger pour la Truyère. La même étable peut avoir 50 vaches ou 400 brebis, c’est la même exploitation.
Il n’y a pas d’agriculture industrielle en Aveyron. Ce n’est pas le modèle de développement aveyronnais. Il faut arrêter de faire des procès aux agriculteurs. Il y a suffisamment de règlementations contraignantes sur l’environnement.
Et l’agroécologie prônée par Stéphane Le Foll, ça marche ?
Moi, ça fait trente ans que je la pratique et on est même en train de passer à un stade supérieur.