Car évidemment ce qui motive l’ouvrage c’est bien la force morale d’Alfred Merle qui compte parmi les premiers résistants aveyronnais déclarés. Dès 1940, élu à la chambre de commerce de Millau, il est l’un des rares à ne pas s’associer à l’hommage au Maréchal Pétain. Premiers pas dans la résistance, avec la presse clandestine et l’organisation des réseaux. Suivront les perquisitions, les résidences surveillées et l’entrée dans la clandestinité du fils Jean Carrière.
Alors que d’autres grands patrons gantiers jouent la carte de la collaboration et de l’antisémitisme à tout crin, Alfred Merle, devient l’un des premiers chefs de l’Armée Secrète en Aveyron, il est vite fiché par la Gestapo mais il ne peut se résoudre à la clandestinité. Il se détourne des valeurs de sa classe sociale pour rester fidèle à ses valeurs humaines et se battre aux côtés des FTP (Francs-Tireurs Partisans, affiliés aux communistes).
Certains témoigneront de la valeur morale de ce patron gantier atypique.
En 1944, les SS sont implantés à Rodez, leurs supplétifs français font régner la terreur alors que les attentats se multiplient. Le 6 février, deux tractions avant de la Gestapo arrêtent Alfred Merle et le conduisent villa des Roses, rue Grandet, à Rodez siège de la police allemande. D’autres comme le directeur des caves Société de l’époque, chef de l’AS en 1944, ont détaillé les séances de tortures : supplice de la baignoire, arrachage des ongles, etc…
Le 12 février 1944, le décès d’Alfred Merle est notifié à sa famille. On explique qu’il s’est pendu. Mais sa tombe est gardée et ses proches ne peuvent récupérer le corps. De son côté, Jean Carrière poursuit son combat dans la clandestinité d’abord dans la banlieue parisienne avant de redescendre au Pays prendre la tête du maquis d’Aubrac. Ses lettres témoignent de la montée concomitante de l’activité des résistants et de la volonté des nazis de réduire les maquis d’Auvergne dans les jours qui suivirent le 6 juin 1944. Un sacré témoignage sur la résistance aveyronnaise.