Le soleil cogne dur sur les rives du Lot en ce 1er juillet du troisième millénaire. La foule se presse sur les quais ombragés par les platanes d’Estaing pour assister à l’hommage au Saint-Patron de la ville. Saint-Fleuret vécut au VII° siècle.
Un saint dont l’hagiographie a retenu le pouvoir guérisseur et dont les reliques sont vénérées depuis toujours dans la cité lotoise.
Comme chaque année, la population du village s’y est mise, les hommes costumés en archange ou en pèlerins ou encore en divers descendants illustres de la famille Estaing à travers les siècles. Le maire, ceint de l’écharpe tricolore, accompagné de son conseil municipal ainsi que des pompiers et de la fanfare.
Dans cette procession, c’est toute l’histoire du village qu’ils font défiler deux fois dans les rues de la ville.
Certains anciens d’Estaing regrettaient l’absence des jeunes parmi les spectateurs.
«Auparavant, il y avait vraiment foule, aujourd’hui les jeunes n’aiment plus ce genre de tradition, ils préfèrent le canoë sur le Lot.» Malgré tout , il émergeait de ce rituel une certaine magie.
Cette famille entre dans l’histoire de France par la grande porte grâce à Tristan d’Estaing. Il sauve Philippe Auguste à Bouvines en 1214. Cela permettra aux Estaings de pouvoir placer la fleur de lys royale sur leur armoiries. Privilège exceptionnel. Ses descendants, évêques, cardinaux, sénéchaux, amiraux, ne manquèrent pas de s’illustrer au cours des siècles suivants.
La fanfare révolutionnaire fermait le ban de la procession. Sans contradiction historique entre l’Ancien régime et la Révolution puisque Jean-Baptiste d’Estaing, amiral Français prit part à la guerre d’Indépendance des Etats-Unis. En 1792, cet authentique républicain est promu amiral de France, il sera guillotiné un an plus tard sous la Terreur.