Livres

« Le Vieux Rouergue » de Rémi Soulié

Après ses ouvrages érudits consacrés entres autres au Curé d’Ars, l’Aveyronnais Rémi Soulié qui a rejoint la Sodome des rives de la Seine voilà quatre ans, nous convie à une petite promenade affective dans son Vieux Rouergue. Sans emphase et sans recourir aux gros sabots du folklore rouergat, ce « Vieux Rouergue » est un parcours léger sur la forme, écrit avec l’intelligence du cœur, un témoignage de piété filiale comme il le dit lui-même. On y croise des papes, des présidents du conseil, des contre-révolutionnaires condamnés à mort, des poètes et des hommes de Dieu, des recettes et des spécialités à faire hurler les diététiciens. Son livre fait coup double. Il renforce ceux qui ont foi dans le Rouergue, et éclaire ceux qui veulent en savoir plus sur l’Aveyron et ses caractères. Questions sur un héritage qui perdure depuis 2000 ans contre vents et marées.

Rémi Soulié,
Le Vieux Rouergue
Les Editions de Paris, Max Chaleil.

Interview de Rémi Soulié.
Vous apportez vous aussi votre contribution à l’histoire du Rouergue ?
Étant à Paris, depuis quatre ans, j’ai éprouvé le désir de revenir en esprit sur mon pays. Un sentiment de piété filiale à l’endroit de cet héritage historique m’a conduit à me replonger dans les faits, dans cette histoire du Rouergue, pour me l’approprier. En même temps, j’avais envie de présenter cette vieille province du Rouergue. »

Finalement, qu’est ce qui fait, à vos yeux, la spécificité du Rouergue et des Rouergats ?
Je suis sensible à ces grands traits, aux grandes permanences de cette province très ancienne. Ces traits de caractère perdurent encore aujourd’hui. Parmi ceux-ci il y a l’enclavement géographique, l’attachement à la religion, l’unité territoriale, cette conscience d’appartenance à une communauté.

Vous pensez qu’avec le monde moderne, cette permanence des grands traits perdure ?
Je le pense encore notamment sur le plan de la conscience de cette appartenance quand je vois par exemple des jeunes aveyronnais hors du pays revendiquer leur origine. Je sens qu’il y a toujours cette fibre, ce sentiment d’appartenance qui est unique. Je ne perçois pas de changement sur ce point.
Justement, vous parlez à propos de l’Aveyron d’insularité et comme d’autres vous évoquez cette similitude avec les Bretons ?
Oui, il y a des similitudes liées à cet enclavement, cette insularité. Mais l’Aveyronnais est un terrien qui s’enracine . Contrairement au Breton qui vit avec l’élément liquide et subit l’appel du large.

Et le Non de l’Aveyron au projet de Constitution européenne est-il en cohérence avec cette tradition ?
Oui et non: oui en ceci qu’il peut-être interprété comme une volonté de fidélité à soi-même, non car ce résultat est aussi fondé semble-t-il sur des considérations de politique intérieure et que la tradition politique aveyronnaise, plutôt de centre-droit, est a priori européenne, même si les agriculteurs ont des griefs à l’endroit de la PAC.»