Herman Van Looken, forestier retraité, est passionné d’orchidées sauvages. Il s’est installé en Aveyron au pied du Larzac près du plateau du Guilhaumard il y a onze ans. En véritable naturaliste il ne peut que constater une disparition croissante de la faune et flore sauvage.
Vous tirez la sonnette d’alarme pour la biodiversité en Aveyron.
En Aveyron, c’est vrai qu’il y a encore de la place pour la nature. Mais je ne veux pas que l’Aveyron devienne comme la Flandre en Belgique où il n’y a plus rien de naturel sauf que dans les réserves naturelles. Ce que nous observons ces dernières années, ce sont des prairies de plus en plus vastes dédiées à l’élevage, des prairies arasées nourries à l’engrais chimique où la flore naturelle a disparu. Sur les pentes du plateau du Guilhaumard j’ai vu des prairies maigres nivelées avec bulldozer et à l’explosif, et des marais asséchés pour fournir des pâturages à la brebis dont le lait sert à Roquefort.
L’orchidée aveyronnaise ou Ophrys aveyronensis (ci-contre), pour ne citer qu’une, a perdu des milliers de pieds. Si l’on s’appuie sur une base de 5000 pieds dans le sud de l’Aveyron, en perdre 1000 sur vingt ans, c’est énorme.
la fougère “Langue de serpent” ou Ophioglossum vulgatum typique pour les zones humides
A vous entendre il y a donc péril, mais il y a tout de même des programmes comme Natura 2000* ?
J’ai collaboré à un groupe de travail établi par le Parc Régional des Grands Causses pour examiner ce qu’on pouvait faire sur Natura 2000. J’ai quitté ce groupe parce que mon avis de naturaliste entrait à peine en ligne de compte. J’ai parfois l’impression qu’on a plus tendance à valoriser le territoire pour le tourisme que pour la défense et la protection de de la nature. Dès que Natura 2000 a commencé à faire parler de lui des dizaines d’hectares ont été mises en culture. Je ne pense pas que Natura 2000 protège quoique ce soit. Par exemple, on évoque souvent le sort des chauves-souris qu’il faut protéger. Mais avec les grottes et cavernes des causses, elles ne risquent pas grand chose. Il n’en va pas de même des friches et des sols pauvres riches en fleurs et faune sauvage.
La nature est tellement évidente en Aveyron qu’on ne voit pas qu’on est en train de détruire ce capital naturel. Ce sont les petites parcelles, bocages et prairies maigres qui font la patrimoine, je sais bien que les paysans sont obligés de s’agrandir pour survivre même pour payer les emprunts des équipements de plus en plus puissants. Mais tout cela n’est-il pas un cercle vicieux. Beaucoup aiment la nature, ils viennent dans les conférences que je donne sur les orchidées. Tant mieux si cela peut les aider à prendre conscience.
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Natura 2000 est un réseau européen de sites naturels ayant une grande valeur patrimoniale par leur faune et leur flore. Le but de ce réseau est de maintenir une diversité biologique de ces milieux tout en tenant compte des exigence économiques, culturelles, régionales. En Aveyron, 29 site sont répertoriés sous Natura 2000, comme l’explique le site officiel. La France a opté pour une démarche de gestion contractuelle des sites. Chaque usager peut s’engager individuellement et volontairement dans la gestion du site qu’il est amené à fréquenter. En signant un contrat ou une charte, il devient un acteur à part entière d’un site Natura 2000.
